Le premier magasin automatisé en France sera conçu par une start-up et… made in France. Storelift annonce ce 24 juin avoir bouclé un tour de financement de 5 millions d’euros mené par Cap Horn Invest et le fonds britannique LocalGlobe.
Ce tour d’amorçage permet à la start-up de consolider son avance technologique et de commencer le déploiement de ses magasins autonomes en France "avec un passage à l’échelle", précise le communiqué. La start-up ambitionne de devenir "la première chaîne de magasins de proximité, connectés et autonomes".
Un container automatisé sur-mesure
Créée par David Gabai et Tom Hayat, et basée à Ivry-sur-Seine, la start-up a mis au point un magasin container de 15 m² baptisé Boxy. Il permet aux consommateurs d’accéder à un ensemble de références alimentaires du quotidien, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Boxy est construit sur mesure et il ne nécessite qu’une simple arrivée de courant pour fonctionner.
La solution repose sur une technologie propriétaire qui utilise la vision par ordinateur pour détecter et reconnaître environ 300 références disponibles en magasin. En complément, des capteurs de poids développés en interne sont installés sur les étagères pour confirmer que les produits sont ôtés des rayons. De son côté, le client final utilise une simple application mobile où apparaît sa facture à la sortie du magasin. Deux ans de R&D ont été nécessaires à la start-up et à sa vingtaine de collaborateurs pour développer ce système.
Cette technologie est très proche de celle d'Amazon[1] Go, mais Storelift se différencie sur un point essentiel. "Les données sont analysées et gérées en local et la technologie n’utilise pas la reconnaissance faciale, permettant de ne pas récolter de données personnelles à l'insu du consommateur", tient à préciser la start-up. Par ailleurs, elle explique que sa technologie "permet de réduire les coûts d’exploitation d’un point de vente traditionnel", sans préciser toutefois le coût de celle-ci.
Rendre l'offre de proximité plus accessible
Les containers Boxy ont vocation à être implantés à proximité de lieux de vie ou de travail car ils répondent à la "problématique des zones de périphéries, industrielles et de bureaux où l’on trouve moins de commerces de proximité", explique la jeune pousse. L’objectif est de proposer une offre d’ultra proximité accessible, "tant par la disponibilité du magasin que par les prix".
Cette nouvelle étape prend une dimension particulière dans le contexte post-Covid. "Malgré l'extraordinaire accélération que le Covid-19 a créé pour l'e-commerce, le retail physique continue de représenter la majorité du volume des ventes, analyse George Henry, Partner chez Localglobe. Il y a d'énormes progrès autour des solutions de livraison, mais il est aussi de plus en plus évident que tant d’un point de vue économique que de durabilité, la livraison ne s’adapte pas à tous les types d’achats".
D’où la nécessite de développer des points de vente à proximité des populations tout en garantissant un modèle économique rentable, alors que le panier moyen d'un commerce de proximité alimentaire tourne autour de 10 euros. Un prix "intenable économiquement pour la livraison" alors qu’il s’agit du "format qui connaît la plus grande croissance en Europe, en jouant sur des marges plus élevées que la moyenne", poursuit-il.
Un marché en pleine ébullition
Les magasins sans personnel de caisse sont-ils en train de décoller ? Alors que les personnels de la grande distribution ont été en première ligne lors de la pandémie de Covid-19, les magasins autonomes peuvent représenter plus qu'une alternative intéressante en préservant les collaborateurs, en facilitant les règles de distanciation sociale et en favorisant le paiement sans contact. Certains ne s'y trompent pas et le marché est caractérisé par une certaine émulation depuis quelques semaines.
Si Amazon parait le plus avancé dans le monde occidental – il a commencé la phase de commercialisation de sa technologie "Just Walk Out[2]" et tente de convaincre les gros distributeurs américains – d’autres acteurs comme Zippin avancent. La start-up californienne s’est alliée à l’enseigne Azbuka Vkusa[3], en partenariat avec Visa et avec la banque russe Sberbank, pour sa toute première boutique entièrement automatisée à Moscou. Une autre pépite américaine, Standard Cognition, a annoncé le rachat de la société italienne Checkout Technologies[4], affichant ainsi des velléités en Europe.
L’Israélien Trigo Vision, qui a récemment signé un accord avec la chaîne de supermarchés Shufersal, est également en pourparlers de partenariat avec Tesco, l’un des plus gros retailers britanniques. Mais c’est en Asie que les magasins sans caisses et sans personnel sont les plus nombreux, avec la solution de CloudPick qui est implémentée dans les concepts Emart24 Store et NTT store, entre autres. En France, c’est du côté de la start-up Belive.ai, qui travaille notamment avec Intermarché[5], que pourrait émerger une solution concurrente. Reste à savoir comment sera accueilli ce type de vente par les clients.