La campagne en faveur d’Uber a déclaré mardi soir avoir gagné le référendum californien sur le statut des conducteurs, que le leader mondial des plateformes de réservation de voitures avec chauffeur (VTC) avait instigué pour préserver son modèle économique. « La Californie a parlé et des millions d’électeurs ont joint leurs voix à celles de centaines de chauffeurs qui veulent l’indépendance et des avantages sociaux », a indiqué dans un communiqué « Yes on 22 », la campagne du « oui » à la « Proposition 22 ».
Les électeurs de cet Etat américain ont voté ‘oui’ à 58%, alors que 64% des bulletins avaient été comptés à 7H GMT mercredi, d’après la presse américaine. Ce référendum était suivi de près dans les Etats-Unis et dans le monde, pour voir si la Californie parvenait à dompter la « gig economy » (économie à la tâche). Uber et Lyft, son concurrent américain, refusent d’appliquer la loi de l’Etat, entrée en vigueur en janvier, qui leur impose d’embaucher leurs dizaines de milliers de conducteurs, et donc de leur accorder des avantages sociaux (assurances maladie et chômage, congés payés, heures supplémentaires, etc).
200 millions de dollars pour la campagne
Les deux groupes basés à San Francisco, et leurs alliés Postmates, DoorDash et Instacart, ont dépensé plus de 200 millions de dollars pour leur campagne, contre moins de 20 millions du côté des opposants, afin de promouvoir leur alternative. La « Proposition 22 » prévoit que les dizaines de milliers de chauffeurs californiens resteront indépendants mais aussi qu’ils recevront des compensations: un revenu minimum garanti, une contribution à une assurance santé et d’autres assurances, en fonction du nombre d’heures travaillées par semaine.
Les opposants pourraient cependant décider d’attaquer cette mesure dans les tribunaux. Uber et Lyft, qui n’ont jamais réussi à dégager de profit, sont déjà engagés dans un bras de fer judiciaire avec la Californie, Etat américain le plus peuplé et le plus riche. Lors d’une audience le 13 octobre, l’avocat d’Uber, Theodore Boutrous, avait fait valoir que la société n’était « pas une entité de recrutement » ni « une entreprise de transports » mais une « plateforme multidimensionnelle qui permet de mettre en contact des passagers et des chauffeurs. »
Matthew Goldberg, qui défend l’Etat de Californie et les villes de San Francisco, Los Angeles et San Diego, avait rétorqué que les chauffeurs étaient lésés, car ils ne peuvent actuellement pas prétendre à de nombreuses protections sociales, telles que le salaire minimum, le remboursement des frais professionnels ou le congé familial.