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L'application chinoise TikTok se retrouve actuellement sous le feu des projecteurs, menacée de bannissement par divers pays et entreprises.

TikTok connait actuellement une vague de critiques sur ses liens supposés avec le pouvoir chinois. Crédit : Aleksei / adobe.stock.com

Le confinement avait été une période faste pour TikTok, avec des chiffres records d’utilisateur, au point d’enregistrer le plus grand nombre de téléchargements pour une application en un trimestre au T1, et de cumuler 2 milliards d’installations. Mais en toile de fond, d’autres enjeux géopolitiques obscurcissent depuis de nombreux mois l’avenir du géant chinois.

Plusieurs gouvernements envisagent le bannissement de l’application

Deux pays, et pas des moindres, ont déjà menacé de bannir totalement l’application pour l’un, ou l’a déjà fait pour l’autre. Ce fut d’abord le cas de l’Inde, qui représente à elle seule 30% des téléchargements de l’application dans le monde, et où 1 milliard de chiffre d’affaires était attendu dans l’année. Mais, alors que d’importantes tensions militaires ont actuellement lieu entre la Chine et l’Inde, TikTok s’est retrouvé dans une liste de 59 applications chinoises bannies par New Delhi.

Un deuxième revers important a été enregistré il y a quelques jours, quand le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré sur Fox News la possibilité d’interdire les applications sociales chinoises comme TikTok, tout en déconseillant fortement leur installation. Donald Trump lui a emboité le pas mardi dernier, citant ce ban comme une des représailles potentielles suite à l’épidémie de Coronavirus. Encore une fois, c’est une potentielle mainmise du gouvernement chinois sur les données collectées qui est en ligne de mire. Et ce n’est pas la première fois, puisque TikTok avait déjà subi les attaques du sénateur Josh Hawley en novembre, qui estimait que l’application était corrompue par le parti communiste chinois. Dans le même temps, le gouvernement lançait une enquête relative à la sécurité nationale concernant Bytedance, éditeur de TikTok.

Certaines entreprises souhaitent à leur tour interdire son utilisation

Les gouvernements en froid avec la Chine ne sont pas les seuls à s’interroger sur l’application. Plusieurs entreprises ont à leur tour fait part de leur défiance à leurs employés, et pas n’importe lesquelles. C’est Amazon qui a dégaine le premier, en envoyant une note interne demandant à ses salariés de désinstaller TikTok avant le 10 juillet s’ils souhaitaient accéder à leurs boites mails sur le même téléphone. Avant de rétropédaler dans la même journée, annonçant par l’intermédiaire de son porte-parole que le mail avait été envoyé par erreur et qu’il n’y avait aucun changement dans la politique d’Amazon vis-à-vis de TikTok.

Pas d’erreur en revanche du côté de Wells Fargo, troisième banque des États-Unis, qui vient de déclarer TikTok application non grata. « En raison de préoccupations concernant les contrôles et les pratiques de TikTok en matière de confidentialité et de sécurité, et parce que les appareils appartenant à l’entreprise ne doivent être utilisés que pour les affaires de l’entreprise, nous avons demandé à ces employés de supprimer l’application de leurs appareils. » La réaction aux directives de Donald Trump ne se sont donc pas faites attendre, et d’autres entreprises (et gouvernements ?) devraient leur emboîter le pas.

TikTok se défend, le gouvernement chinois également

Que ce soit du côté du gouvernement chinois ou de Bytedance, l’étonnement est de rigueur. Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a ainsi réagi aux propos de Trump lors d’une conférence de presse en déclarant : « certaines personnes aux États-Unis devraient cesser d’utiliser le pouvoir de l’État pour opprimer les entreprises chinoises. Le gouvernement chinois demande toujours aux entreprises chinoises de respecter les lois et règlements lorsqu’elles font des affaires à l’étranger« . Avant de contre-attaquer : « Si nous suivons la logique du côté américain, pouvons-nous dire que les médias sociaux américains, avec un grand nombre d’utilisateurs dans le monde, constituent une grave menace pour la sécurité de tous les pays concernés ? »

Du côté de Bytedance, on aime rappeler que TikTok n’est pas accessible en Chine, mais que l’application est une adaptation pour l’international de Douyin, son équivalent local. Et que la gouvernance de son application phare est donc grandement occidentale. Un porte-parole de l’entreprise a ainsi déclaré : « TikTok est dirigé par un PDG américain, avec des centaines d’employés et de dirigeants clés dans le domaine de la sûreté, de la sécurité, des produits et des politiques publiques ici aux États-Unis. Nous n’avons jamais fourni de données utilisateur au gouvernement chinois, et nous ne le ferions pas si cela nous était demandé. » Et ne se prive pas de rappeler que l’application collecte moins de données que Google oui Facebook, à savoir la localisation, l’adresse IP, l’historique de navigation, ainsi qu’éventuellement l’historique d’achats, le numéro de téléphone et l’âge en cas d’opt-in.

Entre hype d’audience et incidences diplomatiques, l’avenir de TikTok est plus que jamais incertain. Une occasion pour les ses concurrents américains de réussir à l’attaquer frontalement sur son positionnement dans les mois à venir ? YouTube et Instagram ont déjà commencé à lancer leur offensive.

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