Le géant chinois du commerce en ligne Alibaba a élaboré un logiciel de reconnaissance faciale capable d’identifier des Ouïghours, une minorité musulmane sous haute surveillance dans le Xinjiang (Nord-Ouest), selon le quotidien New York Times. Les autorités ont engagé depuis quelques années dans cette région une politique de sécurité maximale après de nombreux attentats meurtriers, commis contre des civils et attribués à des séparatistes et islamistes ouïghours.
Des experts étrangers accusent Pékin d’avoir interné au Xinjiang au moins un million de musulmans dans des « camps de rééducation ». Pékin parle de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner la population de l’extrémisme religieux. Un site Internet d’Alibaba expliquait comment utiliser un logiciel de reconnaissance faciale afin de détecter dans les photos et vidéos des Ouïghours ou d’autres minorités ethniques, rapporte le New York Times. Les textes en question ont été retirés du web par le groupe chinois.
Mais ils avaient été consultés par le cabinet de recherche américain IPVM qui les a transmis au quotidien, affirme le journal. « La mention de l’origine ethnique fait référence à une caractéristique/fonction qui a été utilisée dans un contexte de test, afin de voir jusqu’où pouvaient aller nos capacités techniques », a indiqué jeudi Alibaba dans un communiqué transmis à l’AFP. « Elle n’a jamais été utilisée en dehors de ce contexte de test », a souligné l’entreprise.
Une pression occidentale croissante
Alibaba, leader incontesté du commerce en ligne en Chine, s’est diversifié ces dernières années dans le cloud, les supermarchés ou encore le cinéma. Le groupe a été fondé par Jack Ma, l’un des hommes les plus riches du pays. La semaine dernière, le mastodonte chinois des smartphones et des télécoms Huawei avait déjà été accusé par le même cabinet IPVM de tester un logiciel permettant de reconnaître les Ouïghours. L’entreprise privée a démenti ces accusations, sans toutefois réussir à convaincre le footballeur Antoine Griezmann. L’attaquant français du FC Barcelone a rompu son contrat avec le groupe, dont il était l’ambassadeur depuis 2017.
La Chine fait face à une pression occidentale croissante vis-à-vis de sa politique de sécurité au Xinjiang, menée au nom de l’antiterrorisme. La surveillance y a été nettement renforcée ces dernières années: multiples contrôles d’identité, portiques à l’entrée des bâtiments, caméras de reconnaissance faciale, confiscation des passeports, collectes d’ADN ou encore barrages policiers. La Chine a été frappée ces dernières décennies par plusieurs attentats attribués à des militants ouïghours. L’année 2014 avait notamment été marquée par une attaque au couteau (31 morts) en gare de Kunming (Sud-Ouest) et une autre à l’explosif (39 morts) contre un marché d’Urumqi, la capitale du Xinjiang.