Comme de nombreux secteurs, celui du consulting IT a connu un coup de frein au début de la crise. Mais les entreprises sont déjà sorties de leur attentisme. «Nous assistons à une tendance de fond qui est une accélération de la digitalisation des organisations. Les besoins sont multiples. Plus aucune ne se dit qu’elle peut se permettre d’attendre avant d’engager tous ces projets», constate Christophe de Becdelievre, fondateur de la plateforme LeHibou, qui regroupe 41 000 consultants IT en freelance.
Les principaux enjeux face auxquels se retrouvent les organisations se sont même accélérés avec la crise du Covid-19. Christophe de Becdelievre cite par exemple ceux autour de la mobilité avec la généralisation du télétravail. A cela s’ajoutent également des problématiques autour du cloud ou encore du big data. «C’est un sujet extrêmement important car qu’aujourd’hui les entreprises ont besoin de valoriser leurs données pour prendre les bonnes décisions».
«Ce que nous observons est que la transformation digitale est un cycle continu, qui traverse les crises sans réellement connaître de temps d’arrêt. Les rares entreprises qui n’ont pas pris conscience de ces enjeux prennent le risque de creuser une dette digitale qu’elles auront du mal à rattraper», poursuit le fondateur de LeHibou. Une fois le besoin de poursuivre sa transformation validé, reste à trouver les experts qui sauront mettre ces projets en œuvre.
Quels conseils pour une collaboration réussie entre l’entreprise et le freelance? Quelle différence de niveau de rémunération pour les freelances?… Retrouvez l’interview complète de Christophe de Becdelievre, fondateur de la plateforme LeHibou
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Comment le freelancing est devenu un mouvement sociétal
Projets bornés dans le temps, besoin de flexibilité et d’expertise qu’elles n’ont pas en interne, difficultés à recruter… les entreprises ont l’habitude de faire appel a des consultants IT pour répondre à ces enjeux. Face à une importante mutation qui s’opère sur le marché du consulting IT, elles ont également appris à travailler avec un nouveau type de consultants: les freelances. «Le freelancing est avant tout un mouvement sociétal», observe Christophe de Becdelievre.
«Il y a un glissement des personnes qui travaillaient en CDI dans des organisations vers ce statut de freelance. Cela résulte d’un désir d’autonomie, d’une volonté de choisir sa mission, son lieu de travail, avec une rémunération souvent plus intéressante qu’en étant salarié. Il y a un tel essor que les organisations ont besoin de faire intervenir ces personnes».
Mais en quoi ces profils peuvent-ils se démarquer? «Ce sont des personnes qui ont une réelle expertise. Souvent, elles deviennent freelance après avoir fait leurs armes en tant que salarié. Et elles considèrent qu’elles sont suffisamment pointues pour basculer vers un statut d’indépendant», explique le fondateur de LeHibou.
«Ce sont des personnes qui ont en général une grande motivation, une capacité d’engagement qui est importante vis-à-vis des clients et des missions qu’elles réalisent. Elles apportent aussi une certaine maturité et une stabilité par rapport à des profils qui peuvent être de plus jeunes salariés dans des ESN par exemple».
LeHibou: un « LinkedIn » verticalisé sur les métiers de l’IT
Et du côté des plateformes qui proposent des profils, où se fait l’innovation pour permettre aux entreprises de facilement recruter des freelances et à ces derniers de trouver des missions? «Les modèles sont plus ou moins ouverts. Aujourd’hui, il y en a deux qui le sont: Malt et LeHibou », explique Christophe de Becdelievre. Avec la particularité pour LeHibou d’être spécialisé dans l’IT.
«Ouvert, cela signifie que nous fonctionnons comme un LinkedIn verticalisé sur les métiers de l’IT. Vous pouvez accéder en ligne à l’ensemble des profils disponibles à un instant T, avec telle compétence, dans telle ville. Ce modèle très ouvert crée une rupture d’usage pour les donneurs d’ordre qui vont pouvoir eux-mêmes sourcer des profils sur la plateforme». Un réel changement de paradigme pour les entreprises qui devaient auparavant envoyer un appel d’offres et attendre de recevoir des propositions.
Autre choix stratégique: plutôt que de fonctionner comme un «Vendor Management System», ou VMS, «qui sont des plateformes qui vont gérer des process d’achat de prestations intellectuelles», LeHibou est un FMS, un «Freelance Management System». «C’est-à-dire un outil qui permet aux donneurs d’ordre d’identifier des ressources et des compétences directement sur la plateforme mais aussi de gérer leurs prestations en ligne avec par exemple des dashboards de suivi de prestations».
Comme il n’y a pas de collaboration réussie sans un bon alignement entre les besoins de l’entreprise et les qualifications du freelance, LeHibou mise sur le digital pour fluidifier le sourcing mais sans abandonner les interactions directes avec les organisations pour les accompagner plus personnellement. «Le travail de qualification des compétences en marge de la plateforme est quelque chose de très important et sur lequel nous travaillons énormément», explique Christophe de Becdelievre. «Chez LeHibou, nous avons un modèle hybride. La plateforme digitalise un certain nombre de process mais nous travaillons aussi ‘offline’ pour accompagner nos clients, notamment sur la qualification des compétences des freelances».
LeHibou compte aujourd’hui 30 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros en 2020 et vise 25 millions de CA en 2021.
L’entreprise a été récompensée récemment par Les Echos qui la place en 3ème position des 500 champions de la croissance en 2019.